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j’étois dans la galerie ; et je me souvins de ce que la palatine m’avoit écrit, qu’on ne savoit au Palais-Royal ce que l’on y vouloit. Je ne laissai pas d’insister et de presser la Reine, parce que je jugeois bien que Monsieur, qui étoit très-clairvoyant, ne recevant de moi qu’une parole vague et générale, à laquelle il n’ajouteroit pas beaucoup de foi, parce qu’il se défioit beaucoup des intentions de la Reine à son égard, ne manqueroit pas de jeter et d’arrêter toute sa réflexion, et avec beaucoup de raison, sur le peu d’éclaircissement que je lui donnerois du véritable dessein de la Reine. Et je ne doutois pas que par cette considération il ne fît encore de nouveaux pas vers M. le prince : ce que je ne croyois nullement de son intérêt, non plus que de celui du Roi. Je parlai sur cela à la Reine avec vigueur ; mais je n’y gagnai rien, et de plus je ne pouvois rien gagner, parce qu’elle n’étoit pas elle-même déterminée. Je vous expliquerai ce détail dans la suite.

Il étoit presque jour lorsque je sortis du Palais-Royal ; et ainsi je n’eus pas le temps d’aller chez madame la palatine, qui m’écrivit un billet à six heures du matin, par lequel elle me faisoit savoir qu’elle m’attendoit dans un carrosse de louage devant les Incurables. J’y allai aussitôt dans un carrosse gris. Elle m’expliqua son billet du soir ; elle me dit que M. le prince lui avoit paru fort fier, mais qu’elle avoit connu clairement par les discours de madame de Longueville qu’il ne connoissoit pas sa force, en ce qu’il croyoit ses ennemis beaucoup plus unis et beaucoup plus de concert qu’ils ne l’étoient ; que la Reine ne savoit où elle en étoit ; qu’un moment elle vouloit à toutes conditions le retour de M. le prince : qu’à l’autre elle re-