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mais qui ne le sera assurément de nul autre, sans exception, plus que de moi-même, parce que je ne me la crois nécessaire que pour des raisons qui cesseront dès que Votre Majesté aura rétabli les choses dans l’ordre où elles doivent être. — N’ai-je pas fait tout ce que vous me proposez, reprit la Reine ? N’ai-je pas assuré dix fois Monsieur, M. le prince et le parlement que le cardinal ne reviendroit jamais ? Avez-vous pour cela cessé de prétendre ? et vous qui parlez, tout le premier ! — Non madame, lui dis-je, personne n’a cessé de prétendre, parce qu’il n’y a personne qui ne sache que M. le cardinal gouverne plus que jamais. Votre Majesté m’a fait l’honneur de ne se point cacher de moi sur ce sujet : mais ceux à qui elle ne le dit pas en savent peut-être encore plus que moi et c’est ce qui perd tout, madame parce que tout le monde se voit en droit de se défendre de ce que l’on croit d’autant moins légitime, que Votre Majesté le désavoue publiquement. — Mais tout de bon dit la Reine, croyez-vous que Monsieur abandonnât M. le prince s’il étoit assuré que le cardinal ne revînt pas ? — En pouvez-vous douter, madame, lui répondis-je, après ce que vous avez vu ces jours passés ? Il l’eût arrêté chez lui si vous l’aviez voulu ; quoiqu’il ne se croie nullement assuré qu’il ne doive point revenir. » La Reine rêva un peu sur ma réponse ; et puis tout d’un coup elle me dit, même avec précipitation, comme ayant impatience de finir, ce discours ! « C’est un plaisant moyen de rétablir l’autorité royale, que de chasser le ministre du Roi, malgré lui » Elle ne me laissa pas reprendre la pa-