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DU CARDINAL DE RETZ. [1651]

inconvénient, qui n’étoit pas médiocre ; et M. le premier président, qui servoit alors la cour de très-bonne foi, le lui évita très-habilement en donnant le change à Machaut, qui avoit touché cet expédient et en suppliant seulement Monsieur de rassurer M. le prince, et d’essayer de le faire revenir à la cour. Il affecta aussi de laisser couler le temps de la séance et ainsi on n’eut que celui de remettre l’assemblée au lendemain, et d’arrêter seulement qu’en attendant la lettre de M. le prince seroit portée à la Reine. Je reviens à ce que Monsieur me dit lorsqu’il fut revenu chez lui. Il me mena dans le cabinet des livres, il en ferma la porte au verrou, il jeta son chapeau avec émotion sur une table, et il s’écria en jurant « Vous êtes une grosse dupe, ou je suis une grosse bête croyez-vous que la Reine veuille que M. le prince revienne à la cour ? — Oui monsieur, lui dis-je sans balancer, pourvu qu’il y vienne en état de se faire prendre ou assommer. — Non, me répondit-il, elle veut qu’il revienne à Paris en toutes manières ; et demandez à votre ami le vicomte d’Autel ce qu’il m’a dit aujourd’hui de sa part, comme j’entrois dans la grand’chambre. » Voici ce qu’il lui avoit dit que le maréchal Du Plessis-Praslin son frère avoit eu ordre de la Reine, à six heures du matin, de prier, Monsieur de sa part d’assurer le parlement que M. le prince ne courroit aucune fortune s’il lui plaisoit de revenir à la cour. « Je n’ai pas été jusque là, ajouta Monsieur car j’ai mille raisons pour ne lui pas servir de caution, et ni l’un ni l’autre ne m’y ont obligé. Mais au moins vous voyez, me continua-t-il, que je n’ai pu moins dire que ce que j’ai dit ; et vous