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[1651] MÉMOIRES

n’en seroient point éloignés. Il fit de grandes plaintes de ce que M. le cardinal s’étoit voulu rendre maître de Brisach et de Sedan ; et il conclut en disant à la compagnie que M. le prince lui envoyoit un gentilhomme avec une lettre. M. le premier président répondit à M. le prince de Conti que M. le prince auroit mieux fait de venir lui-même prendre sa place au parlement. On fit entrer le gentilhomme. Il rendit sa lettre, qui n’ajoutoit rien à ce qu’avoit dit M. le prince de Conti. Le premier président prit la parole, en donnant part à la compagnie que la Reine lui avoit envoyé un gentilhomme, à cinq heures du matin, pour lui donner avis de cette lettre de M. le prince, et pour lui commander de faire entendre à la compagnie que Sa Majesté ne désiroit pas qu’on fît aucune délibération qu’elle ne lui eût fait savoir sa volonté. M. le duc d’Orléans ajouta que sa conscience l’obligeoit à témoigner que la Reine n’avoit eu aucune pensée de faire arrêter M. le prince ; que les gardes qui avoient passé dans le faubourg Saint-Germain n’y avoient été que pour favoriser l’entrée de quelques vins qu’on vouloit faire passer sans payer les droits ; que la Reine n’avoit aucune part à ce qui s’étoit passé à Brisach. Enfin Monsieur parla comme il eût fait s’il eût été le mieux intentionné du monde pour la Reine. Comme je pris la liberté de lui demander, après la séance, s’il n’avoit pas appréhendé que la compagnie lui demandât la garantie de la sûreté de M. le prince, dont il venoit de donner des assurances si positives, il me répondit d’un air très-embarrassé : « Venez chez moi, je vous dirai mes raisons. » Il est certain qu’il s’étoit exposé, en parlant comme il avoit fait, à cet