Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 45.djvu/254

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
251
DU CARDINAL DE RETZ. [1651]

vue devoit être dorénavant d’assoupir toutes les partialités. Je n’ai jamais rien fait qui m’ait donné tant de satisfaction intérieure que cette action. Ce que je fis à la paix de Paris étoit mêlé de l’intérêt que je trouvois à ne pas devenir le subalterne de Fuensaldagne : mais je ne fus porté à cette action-ci que par le pur principe de mon devoir. Je me résolus de m’y attacher uniquement. J’étois satisfait de mon ouvrage ; et s’il eût plu à la cour et à M. le prince d’ajouter quelque foi à ce que je leur disois, je rentrois moi-même, dans la meilleure foi du monde, dans les exercices purs et simples de ma profession. Je passois dans le monde pour avoir chassé le Mazarin, qui étoit l’horreur du public ; et pour avoir délivré les princes, qui en étoient devenus les délices. C’étoit un grand contentement, et je le sentois au point d’être très-fâché que l’on m’eût engagé à avoir prétendu au cardinalat. Je voulois marquer le détachement que j’en avois par l’indifférence que je témoignois pour l’exclusion des conseils qu’on lui donnoit. Je m’opposai à la résolution que Monsieur avoit prise de se déclarer ouvertement dans le parlement pour l’empêcher ; je fis qu’il se contenta d’avertir la compagnie qu’elle alloit trop loin, et que la première chose que le Roi feroit à sa majorité (comme il arriva) seroit de révoquer cette déclaration. Je n’entrai en rien à l’opposition que le clergé de France y fit par la bouche de M. l’archevêque d’Embrun[1] ; et non-seulement je n’opinai pas sur ce sujet dans le parlement comme

  1. Georges d’Aubusson de La Feuillade, archevêque d’Embrun, et ensuite évêque et prince de Metz, etc. ; mort en 1679, âge de quatre-vingt-huit ans. (A. E.)