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[1651] MÉMOIRES

fond soupir « M. le prince est en liberté et le Roi, le Roi notre maître est prisonnier. » Monsieur, qui n’avoit point de peur, parce qu’il avoit reçu plus d’acclamations dans les rues et dans la salle du Palais qu’il n’en avoit jamais eu, et à qui Coulon avoit dit à l’oreille que l’escopeterie des enquêtes ne seroit pas moins forte ; Monsieur, dis-je lui repartit : « Le Roi étoit prisonnier entre les mains du Mazarin ; mais, Dieu merci, il ne l’est plus. » Les enquêtes répondirent comme par un écho : « Il ne l’est plus, il ne l’est plus ! » Monsieur, qui parloit toujours bien en public, fit un petit narré de ce qui s’étoit passé la nuit, délicat, mais suffisant pour autoriser ce qui s’étoit fait et le premier président ne répondit que par une invective assez aigre qu’il fit contre ceux qui avoient supposé que la Reine eût une aussi mauvaise intention ; qu’il n’y avoit rien de si faux et tout le reste. Je ne répondis que par un souris. Vous pouvez croire que Monsieur ne nomma pas ses auteurs ; mais il marqua en général au premier président qu’il en savoit plus que lui.

La Reine envoya querir dès l’après-dînée les gens du Roi et ceux de l’hôtel-de-ville, pour leur dire qu’elle n’avoit jamais eu cette pensée, et pour leur commander de faire même garder les portes de la ville, afin d’en effacer l’opinion de l’esprit des peuples. Elle fut exactement obéie. Cela se passa le 10 février.

Le 11, M. de La Vrillière, secrétaire d’État, partit avec toutes les expéditions nécessaires pour faire sortir messieurs les princes.

Le 13, le cardinal, qui ne s’éloigna des environs de Paris que depuis qu’il eut appris qu’on y avoit pris