Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 45.djvu/239

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
236
[1651] MÉMOIRES

Candale, d’Estrées, de L’Hôpital, de Villeroy, Du Plessis-Praslin, d’Hocquincourt, de Grancey et elle envoya, par leurs avis, messieurs de Vendôme, d’Elbœuf et d’Epernon prier Monsieur de revenir prendre sa place au conseil, et lui dire que si pourtant il ne le jugeoit pas à propos, elle lui enverroit le garde des sceaux, pour concerter avec lui ce qui seroit nécessaire pour l’affaire des princes. Monsieur accepta la seconde proposition, et s’excusa de la première en termes fort respectueux mais il traita fort mal M. d’Elbœuf, qui le vouloit un peu trop presser d’aller au Palais-Royal. Ces messieurs dirent à Monsieur que la Reine leur avoit aussi commandé de l’assurer que l’éloignement du cardinal étoit pour toujours. Vous verrez bientôt que si Monsieur se fût mis ce jour-là entre les mains de la Reine, il y a grand lieu de croire qu’elle fût sortie de Paris et qu’elle l’eût emmené.

Le 19, Monsieur ayant dit au parlement ce que la Reine lui avoit mandé touchant l’éloignement du cardinal, et les gens du Roi ayant ajouté que la Reine leur avoit donné ordre de porter la même parole à la compagnie, l’on donna arrêt par lequel il fut dit que, vu la déclaration de la Reine, le cardinal Mazarin sortiroit dans quinze jours du royaume et de toutes les terres de l’obéissance du Roi, avec tous ses parens et ses domestiques étrangers : à faute de quoi il seroit procédé extraordinairement contre eux, et permis aux communes et à tous autres de leur courir sus. J’eus un violent soupçon, au sortir du Palais, qu’on n’emmenât le Roi ce jour-là, parce que l’abbé Charrier, à qui le grand prévôt faisoit croire plus de la moitié de ce qu’il vouloit me vint trouver tout