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[1651] MÉMOIRES

de moi-même à Chamboi, qui étoit mon ami et qui commandoit la compagnie des gendarmes de M. de Longueville, de faire quelque patrouille sans éclat dans le quartier du Palais-Royal. Chamboi avoit fait couler dans Paris cinquante ou soixante hommes de ses gendarmes, de concert avec moi, depuis que j’avois traité avec les princes. Comme je faisois chercher Chamboi, Monsieur me rappela, et me défendit expressément de faire faire cette patrouille. L’entêtement qu’il avoit sur ce point étoit inconcevable ; et ce n’est pas la seule occasion où j’ai observé que la plupart des hommes ne font les grands maux que par les scrupules qu’ils ont des moindres. Monsieur craignoit au dernier point la guerre civile, qu’il eût faite par nécessité si le Roi fût sorti. Il se faisoit un crime de la seule pensée de l’empêcher.

On raisonna beaucoup sur l’évasion du cardinal, chacun y voulant chercher des motifs à sa mode. Je suis persuadé que la frayeur en fut l’unique cause, et qu’il ne se put donner à lui-même le temps qu’il eût fallu pour emmener le Roi et la Reine. Vous verrez dans la suite qu’il ne tint pas à lui de les tirer de Paris bientôt après ; et apparemment le dessein en étoit formé avant qu’il s’en allât. Je n’ai jamais pu comprendre ce qui le put obliger à ne l’exécuter pas dans une occasion où il avoit, à toutes les heures du monde, sujet de craindre que l’on ne s’y opposât.

Le 17, le parlement s’assembla, et ordonna, Monsieur y assistant, que très-humbles remercîmeps seroient faits à la Reine pour l’éloignement du cardinal ; et qu’elle seroit aussi suppliée de faire expédier une lettre de cachet pour faire sortir les princes, et