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DU CARDINAL DE RETZ. [1650]

répondit qu’il l’avoit fait pour embarrasser le premier président. Cette repartie vaut la chanson.

Les gens du Roi ayant demandé audience pour les remontrances, la Reine les remit à la huitaine, sous prétexte des remèdes qui lui avoient été ordonné par les médecins. Monsieur répondit d’une manière ambiguë au président de Novion, qui lui avoit été député. Les remèdes de la Reine durèrent huit ou dix jours plus qu’elle n’avoit cru, ou plutôt qu’elle n’avoit dit et les remontrances du parlement ne se firent que le 20 janvier 1651. Elles furent fortes, et le premier président n’oublia rien de ce qui les pouvoit rendre efficaces.

Le 21, il en fit sa relation ; c’est-à-dire il la voulut faire car il en fùt empêché par un bruit confus qui s’éleva tout d’un coup des bancs des enquêtes, pour l’obliger à remettre cette relation, dans laquelle il ne s’agissoit que de la liberté des deux princes du sang, et du repos ou du bouleversement de l’État ; et pour délibérer sur une entreprise qu’on prétendoit que le garde des sceaux avoit faite sur la juridiction du parlement en la personne d’un secrétaire du Roi. Cette bagatelle tint toute la matinée, et obligea le premier président à ne faire la relation que le 28. Il la finit, en disant que la Reine avoit répondu qu’elle feroit réponse dans peu de jours.

[1651] Nous fûmes avertis en ce temps-là que le cardinal, qui n’étoit revenu à Paris[1] après la bataille de

  1. Revenu à Paris : Mazarin étoit rentré à Paris le premier janvier avec une escorte de cinq cents chevaux. Il s’étoit flatté qu’il seroit reçu avec de grandes acclamations mais les frondeurs avoient eu le temps de lui faire perdre l’avantage qu’il venoit d’obtenir,