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DU CARDINAL DE RETZ. [1650]

le Roi ordonnoit de surseoir toutes délibérations jusqu’à ce qu’on eût député vers lui pour apprendre ses volontés.

On députa dès l’après-dînée. La Reine reçut les députés dans le lit, où elle leur dit qu’elle se portoit fort mal. Le garde des sceaux ajouta que l’intention du Roi étoit que le parlement ne s’assemblât, pour quelque affaire que ce pût être, avant que la santé de la Reine sa mère ne fût un peu rétablie, afin qu’elle pût elle-même travailler avec plus d’application à tout ce qui seroit de leur satisfaction.

Le 10, le parlement résolut de ne donner de délai que jusqu’au 14 ; et ce fut ce jour-là que Crespin, doyen du parlement, ne sachant quel avis prendre, porta celui de demander à M. l’archevêque une procession générale, pour demander à Dieu la grâce de n’en point prendre que de bons.

Le 14, on eut une lettre de cachet pour empêcher qu’on ne délibérât. Elle portoit que la Reine donneroit satisfaction au plus tôt sur l’affaire de messieurs les princes. On n’eut aucun égard à cette lettre de cachet. Le Nain, conseiller de la grand’chambre, fut d’avis d’inviter M. le duc d’Orléans de venir prendre sa place ; et la chose passa au plus de voix. Vous jugez, par tout ce que vous avez vu ci-devant, qu’il n’étoit pas encore temps que Monsieur parût. Il répondit aux députés qu’il ne se trouveroit point à l’assemblée ; qu’on y faisoit trop de bruit ; que ce n’étoit plus qu’une cohue ; qu’il ne concevoit pas ce que le parlement prétendoit ; qu’il étoit inouï qu’il eût pris connoissance de semblables affaires ; qu’il n’y avoit qu’à renvoyer les requêtes à la Reine. Remarquez que