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DU CARDINAL DE RETZ. [1650]

presque plus ouvrir la bouche et les assemblées des chambres cessèrent ce jour-là 11 octobre, pour ne recommencer qu’à la Saint-Martin. La nouvelle de Bordeaux fit qu’on ne proposa pas même la continuation du parlement dans les vacations ce qui n’auroit pas manqué d’être résolu tout d’une voix sans cette considération. L’avarice sordide et infâme d’Ondedei[1] couvrit et entretint le feu qui étoit sous la cendre. Montreuil[2], secrétaire de M. le prince de Conti ou de M. le prince (je ne m’en souviens pas bien), et qui étoit un des plus jolis garçons que j’aie jamais connus, rallia, par son adresse et par son application, tous les serviteurs de M. le prince qui étoient dans Paris, et en fit un corps invisible, qui est assez souvent, en ces sortes d’affaires ; plus à redouter que des bataillons. J’en avertis la cour d’assez bonne heure, qui n’y donna aucun ordre. J’en fus surpris au point que je crus long-temps que le cardinal en savoit plus que moi, et qu’il l’avoit peut-être gagné. Comme je fus raccommodé avec M. le prince, Montreuil, qui agissoit tous les jours avec moi, me dit que c’étoit lui-même qui avoit gagné Ondedei, en lui donnant mille écus par an pour l’empêcher d’être chassé de Paris. Il y servit admirablement messieurs les princes ; et son activité, réglée par madame la palatine et soutenue par Arnauld, Viole et Croissy, conserva dans Paris un levain de parti qu’il n’étoit pas sage de souffrir. J’aperçus même en ce temps-là que les grands noms, quoique

  1. Longo Ondedei, créature du cardinal Mazarin, docteur en droit, et ensuite évêque de Fréjus. (A. E.)
  2. Montreuil : Matthieu, auteur de plusieurs poésies, et d’un recueil de lettres en vers et en prose ; mort en 1691.