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[1650] MÉMOIRES

Cinq ou six jours après, le parlement de Toulouse écrivit à celui de Paris touchant les mouvemens de la Guienne dont une partie est de sa juridiction, et lui demanda en termes exprès l’union ; mais Monsieur éluda avec adresse cette rencontre, qui étoit très-importante, et fit, par insinuation plutôt que par autorité, que la compagnie ne répondit que par des civilités, et par des expressions qui ne signifioient rien. Il ne se trouva pas à la délibération pour mieux couvrir son jeu. Le président de Bellièvre me dit l’après-dînée « Quel plaisir y auroit-il à faire ce que nous faisons pour des gens qui seroient capables de le connoître ? Il avoit raison ; et vous le connoîtrez, lorsque je vous aurai dit que nous fûmes lui et moi une partie du soir chez Monsieur avec Le Tellier, qui ne nous en dit pas seulement une parole.

Ce calme du parlement n’étoit pas si parfait qu’il n’y eût toujours de l’agitation. Tantôt il donnoit arrêt, pour interroger les prisonniers d’État qui étoient dans la Bastille ; tantôt il en sortoit à propos de rien, comme un tourbillon qui sembloit mêlé d’éclairs et de foudres contre le cardinal Mazarin ; tantôt on se plaignoit du divertissement des fonds destinés pour les rentes. Nous avions peine à parer aux coups ; et nous n’eussions pas tenu long-temps contre les vagues, si la nouvelle de la paix de Bordeaux ne fût arrivée. Elle fut enregistrée à Bordeaux le premier jour d’octobre 1650. Meunier[1] et Bitault, députés du parlement de Paris, le mandèrent à la compagnie par une lettre qui y fut lue le 11. Cette nouvelle abattit extrêmement les partisans de M. le prince ils n’osoient

  1. Le Meunier, conseiller à la première des enquêtes. (A. E.)