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DU CARDINAL DE RETZ. [1650]

jeter sur nous la rupture de la paix générale, parce qu’il étoit public que le cardinal avoit rompu celle de Munster ; Le Tellier, dis-je, n’appuya l’avis du garde des sceaux qu’autant qu’il fallut pour nous commettre encore davantage ensemble. Dès qu’il eut fait son effet, il tourna tout court comme l’autre fois, et il se rendit au sentiment de M. d’Avaux[1] qui fut plus fort que celui du premier président et que le mien : car au lieu que nous n’avions fait que proposer que Monsieur écrivît à l’archiduc, et lui mandât seulement en général qu’il avoit reçu ses offres avec joie, et qu’il le prioit de lui faire savoir son intention plus en particulier pour la manière de traiter, il soutint que Monsieur devoit dépêcher le lendemain un gentilhomme pour lui en proposer lui-même la manière. « Ce qui, ajouta-t-il, abrégera de beaucoup, et fera connoître aux Espagnols que la proposition qu’ils ne font peut-être en mauvaise intention que parce qu’ils sont persuadés que nous ne voulons pas la paix, pourra produire un meilleur effet qu’ils ne se le sont eux-mêmes imaginé. » M. Le Tellier, en appuyant ce sentiment, dit à Monsieur qu’il le pouvoit assurer que la Reine ne désapprouveroit pas ces démarches ; qu’il supplioitSon Altesse Royale de lui dépêcher un courrier, lequel lui apporteroit sûrement à son retour un plein et absolu pouvoir de traiter, et de conclure la paix générale.

Le baron de Verderonne fut envoyé le lendemain à l’archiduc avec une lettre par laquelle Monsieur fai-

  1. Claude de Mesmes, comte d’Avaux, plénipotentiaire à Munster, ensuite surintendant des finances, et ministre d’Etat ; mort le 19 décembre 1650. (A. E.)