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[1650] MÉMOIRES

vint à mon avis, sous prétexte de se rendre celui du premier président avec une précipitation que Monsieur remarqua, et qui l’obligea à me dire dès le soir que Le Telîier n’avoit jamais été, dans le cœur, d’un autre avis que de celui auquel il disoit seulement être revenu.

Monsieur proposa le lendemain au parlement ce qu’il avoit offert aux députés de Bordeaux en ajoutant qu’il souhaitoit que ses offres fussent acceptées dans dix jours faute de quoi il retireroit sa parole. Vous comprenez que M. Le Tellier non-seulement n’eût pas fait une proposition de cette nature, mais qu’il n’y eût pas même consenti, s’il n’eût eu un ordre bien exprès de M. le cardinal ; et vous concevrez encore plus facilement l’importance de ne faire jamais ces propositions que bien à propos. Celle de la destitution de M. d’Epernon eût désarmé la Guienne peut-être pour toujours, et eût imposé silence aux partisans de M. le prince dans le parlement de Paris, si elle y eût été faite seulement huit jours avant le départ du Roi, qui fut dans les premiers jours de juillet : mais elle ne fut pas comptée pour beaucoup le 8 et le 9 août, et l’on se contenta d’ordonner qu’on en donneroit avis au président de Bailleul et aux autres députés de la compagnie qui étoient partis pour aller à la cour ; et elle n’empêcha pas que bien que M. d’Orléans menaçât à tous momens de se retirer, si l’on mêloit dans les opinions des matières qui ne fussent pas de la délibération il n’y eut beaucoup de voix concluantes à demander à la Reine l’élargissement de messieurs les princes et l’éloignement du cardinal Mazarin. Le président Viole, passionné partisan de