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[1650] MÉMOIRES

au Palais, pour assoupir par sa présence un comment cernent d’affaire qui pouvoit grossir, par la commisération très-naturelle envers une grande princesse affligée, et par la haine qu’on portoit au cardinal, haine qui n’étoit pas éteinte. Monsieur le crut. Il trouva à l’entrée de la grand’chambre madame la princesse, qui se jeta à ses pieds elle demanda à M. de Beaufort sa protection, elle me dit qu’elle avoit l’honneur d’être ma parente. M. de Beaufort fut fort embarrassé ; je faillis à mourir de honte. Monsieur dit à la compagnie que le Roi avoit commandé à madame la princesse de sortir de Chantilly, parce qu’on avoit trouvé un de ses valets de pied chargé de lettres pour celui qui commandoit dans Saumur ; qu’il ne la pouvoit souffrir à Paris, parce qu’elle y étoit venue contre les ordres du Roi ; qu’elle en sortît pour témoigner son obéissance, et pour mériter que le Roi, qui seroit de retour dans deux ou trois jours, eût égard à ce qu’elle alléguoit de sa mauvaise santé. Elle partit dès le soir même, et alla coucher à Berni, d’où le Roi, qui arriva, un jour ou deux après, lui donna ordre d’aller à Valery. Elle resta malade à Angerville.

Je ne vois pas que Monsieur eût pu se conduire plus justement pour le service du Roi. Cependant le cardinal prétendit qu’il avoit trop ménagé madame la princesse ; et il nous dit, à M. de Beaufort et à moi, que c’étoit en cette occasion que nous avions dû signaler le pouvoir que nous avions sur le peuple. Il étoit naturellement vétilleux et grondeur ce qui est un grand défaut à des gens qui ont affaire à beaucoup de monde.

Je m’aperçus deux jours après de quelque chose de