Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 44.djvu/97

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
95
DU CARDINAL DE RETZ.

une lettre d’amour qu’il avoit écrite à la Reine sa belle-fille. Cette haine de M. le cardinal de Richelieu avoit passé jusqu’au point d’avoir voulu obliger, pour se venger, M. le maréchal de Brezé, son beau-frère et capitaine des gardes du corps, à rendre publiques les lettres de madame de Guémené qui avoient été trouvées dans la cassette de M. de Montmorency[1], lorsqu’il fut pris à Castelnaudary ; mais le maréchal de Brezé eut ou l’honnêteté ou la franchise de les rendre à madame de Guémené. Il étoit pourtant fort extravagant : mais comme M. le cardinal de Richelieu s’étoit trouvé autrefois honoré en quelque façon de son alliance, et qu’il craignoit même ses emportemens et ses prôneries auprès du Roi, qui avoit quelque sorte d’inclination pour lui, il le souffroit, dans la vue de se donner à lui-même quelque repos dans sa famille, qu’il souhaitoit avec passion d’établir et d’unir. Il pouvoit tout en France, à la réserve de ce dernier point : car M. le maréchal de Brezé avoit pris une si forte aversion pour M. de La Meilleraye[2], qui étoit grand-maître de l’artillerie en ce temps-là, et qui a été depuis le maréchal de La Meilleraye, qu’il ne le pouvoit souffrir. Il ne pouvoit se mettre dans l’esprit que M. le cardinal de Richelieu dût seulement songer à un homme qui étoit vraiment son cousin germain, mais qui n’avoit apporté dans son alliance qu’une roture fort connue, la plus petite mine du monde, et un mérite, à ce qu’il publioit, fort commun.

  1. Henri, duc de Montmorency (0 fut pris le premier septembre 1632, et décapité à Toulouse au mois de novembre de la même année. (A. E.)
  2. Charles de La Porte, maréchal de La Meilleraye, mourut en 1664. (A. E.)