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MÉMOIRES

séparer. Je n’oubliai rien pour faire éclater ce combat, jusqu’au point d’avoir aposté des témoins ; mais l’on ne peut forcer le destin, et l’on ne songea pas seulement à en informer.

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« En ce cas-là, croyez-vous, me dit-il, qu’un attachement à une fille de cette sorte puisse vous empêcher de tomber dans un inconvénient où M. de Paris, votre oncle, est tombé, beaucoup plus par la bassesse de ses inclinations que par le déréglement de ses mœurs ? Il en est des ecclésiastiques comme des femmes, qui ne peuvent jamais conserver de dignité dans la galanterie que par le mérite de leurs amans. Où est celui de mademoiselle de Roche, hors sa beauté ? Est-ce une excuse suffisante pour un abbé dont la première prétention est l’archevêché de Paris ? Si vous prenez l’épée, comme je le crois, à quoi vous exposez-vous ? Pouvez-vous répondre de vous-même à l’égard d’une fille aussi brillante et aussi belle qu’elle est ? Dans six semaines elle ne sera plus un enfant : elle sera sifflée par Epineville qui est un vieux renard, et par sa mère, qui paroît avoir de l’entendement. Que savez-vous ce qu’une beauté comme celle-là, qui sera bien instruite, vous pourra mettre dans l’esprit ? »

M. le cardinal de Richelieu haïssoit au dernier point madame la princesse de Guémené, parce qu’il étoit persuadé qu’elle avoit traversé l’inclination qu’il avoit pour la Reine, et qu’elle avoit même été de part à la pièce que madame Du Fargis, dame d’atour, lui fit, quand elle porta à la reine-mère Marie de Médicis