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DU CARDINAL DE RETZ.

Je trouvai Equilly, oncle de Vassé et mon cousin germain, que j’ose assurer avoir été le plus honnête homme de son siècle. Il avoit vingt ans plus que moi : mais il ne laissoit pas de m’aimer chèrement. Je lui avois communiqué avant mon départ la pensée que j’avois d’enlever mademoiselle de Retz ; et il l’avoit fort approuvée, non-seulement parce qu’il la trouvoit très-avantageuse pour moi, mais encore parce qu’il étoit persuadé que la double alliance étoit nécessaire pour assurer l’établissement de la maison. L’événement qui porte aujourd’hui notre nom dans une famille étrangère marque qu’il étoit assez bien fondé. Il me promit de nouveau de me servir de toute chose en cette occasion. Il me prêta douze cents écus, qui étoient tout ce qu’il avoit d’argent comptant. J’en pris trois mille du président Barillon. Equilly manda de Provence le pilote de sa galère, qui étoit homme de main et de sens. Je m’ouvris de mon dessein à madame la comtesse de Saux, qui a été depuis madame de Lesdiguières.

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Ce nom m’oblige à interrompre le fil de mon discours, et vous en verrez les raisons dans la suite.

Je querellai Praslin à propos de rien : nous nous battîmes dans le bois de Boulogne, après avoir eu des peines incroyables à nous échapper de ceux qui vouloient nous arrêter. Il me donna un fort grand coup d’épée dans la gorge : je lui en donnai un qui n’étoit pas moindre dans le bras. Meillancour, écuyer de mon frère, qui me servoit de second, et qui avoit été blessé dans le petit ventre et désarmé, et le chevalier Du Plessis, second de Praslin, nous vinrent