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de curiosité, je vous l’avoue, que de satisfaction. C’est un salmigondis de bonnes et de mauvaises choses, écrites tantôt bien, tantôt mal, entremêlées de beaucoup de particularités curieuses, mais d’un bien plus grand nombre de détails peu intéressans et fort ennuyeux. Le premier tome est semé de quantité de traits fort jolis, et de pensées très-solides à propos de bagatelles ; et les autres ne sont presque rien que du verbiage à propos de choses sérieuses. Ce qui m’étonne le plus, c’est de voir qu’un cardinal, prêtre, archevêque, homme de qualité, et assez âgé, puisse se représenter lui-même, comme il le fait dans le premier volume, duelliste, concubinaire, et, qui pis est, hypocrite de dessein formé ; ayant pris la résolution, dans une retraite faite au séminaire, d’être méchant devant Dieu, et honnête homme devant le monde. C’est ce qu’il semble avoir oublié dans le reste du livre, où je lui vois des scrupules d’honneur qui gâtent souvent ses affaires. En un mot, il me paroît que cet homme n’étoit ni assez bon pour un citoyen, ni assez méchant pour un factieux ; on diroit que les derniers volumes ne sont pas de la même main que le premier. Avec tout cela, je suis persuadé qu’ils sont effectivement du cardinal de Retz. M. le prince Eugène en a depuis long-temps un exemplaire manuscrit. Tels qu’ils sont, c’est un livre à avoir. Vienne, 26 mars 1718. »

On peut observer que l’illustre lyrique juge trop sévèrement l’ouvrage sous le rapport du style. On y trouve, il est vrai, quelquefois de l’affectation, des rapprochemens peu naturels, des figures de mauvais