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tention et n’eut pas le temps de tester : circonstance qui sans doute étoit encore ignorée de madame de Grignan.

Après la mort du cardinal de Retz, ses contemporains, qui ne connoissoient pas ses Mémoires, et qui par conséquent n’avoient pas une idée juste de sa conduite secrète pendant les troubles, témoignèrent pour lui une sorte d’indulgence. En blâmant ses fautes, ils admirèrent son génie ; et son attitude honorable dans ses dernières années fut presque à leurs yeux une réparation des maux qu’il avoit causés à l’État. Cette impression fut confirmée par un des traits les plus profonds et les plus brillans d’une oraison funèbre de Bossuet.

Ce grand orateur, en honorant la mémoire de Le Tellier mort en 1685, six ans après Retz, ne pouvoit oublier que ce ministre avoit, en 1662, obtenu du cardinal une démission long-temps refusée, et nécessaire à la tranquillité du diocèse de Paris. Il parle donc du prélat ; et, sans déguiser ses torts, il paie un tribut d’éloges à ses talens et à son repentir, qu’il croit sincère.

Après avoir dit que Le Tellier, en méprisant la haine de ceux dont il lui falloit combattre les prétentions, acquéroit souvent leur estime et leur amitié, il ajoute : « L’histoire en racontera de fameux exemples : je n’ai pas besoin de les rapporter ; et content de remarquer des actions de vertu dont les sages auditeurs puissent profiter, ma voix n’est pas destinée à satisfaire les politiques et les curieux. Mais puis-je oublier celui que je vois partout dans le récit de nos malheurs ? cet homme si fidèle aux