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torts dont il s’étoit autrefois rendu coupable : on y voit au contraire qu’il se plaît à rappeler sans déguisement des actions dont il devroit rougir, et qu’il semble trouver de la satisfaction à mêler dans ses récits les maximes et les doctrines les plus anarchiques.

Cependant, avant de quitter Paris, il avoit témoigné hautement l’intention de se démettre du cardinalat ; et cette résolution lui avoit été inspirée tant par le désir de donner plus d’éclat à sa retraite, que par la nécessité où il se trouvoit de modérer ses dépenses, afin de pouvoir exécuter le projet glorieux d’acquitter ses dettes. Peut-être aussi prévoyoit-il que cette démission seroit refusée. Le Pape, avant même d’avoir reçu sa lettre, lui envoya un bref par lequel il lui ordonnoit de garder son chapeau, et lui faisoit observer que cette dignité ne l’empêcheroit pas de faire son salut. Il répondit que la crainte de ne point se sanctifier sous la pourpre ne l’avoit pas porté à faire cette démarche ; que sa lettre contenoit ses véritables raisons ; et que si Sa Sainteté ne les trouvoit pas bonnes, il se conformeroit à ses ordres. Au mois d’octobre 1676, sa lettre fut lue au consistoire, la démission refusée ; et Retz, en conservant la pourpre, eut toute la gloire d’une démarche qui lui fit beaucoup d’honneur auprès des personnes pieuses.

Pendant cette négociation, il avoit trouvé le moyen de concilier ses projets d’économie avec une certaine représentation, et les jouissances auxquelles il n’avoit pas renoncé. « Il ne m’a point dit adieu pour jamais, écrivoit madame de Sévigné : il m’a donné toute l’espérance du monde de le revoir. Il gardera son équipage de chevaux et de carrosses, car il ne veut