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foiblesse à soutenir les plaintes et les reproches de ses amis ; peu de piété, quelque apparence de religion. Il paroît ambitieux sans l’être : la vanité et ceux qui l’ont conduit lui ont fait entreprendre de grandes choses, toutes opposées à sa profession ; il a suscité les plus grands désordres dans l’État, sans avoir un dessein formé de s’en prévaloir ; et bien loin de se déclarer ennemi du cardinal Mazarin pour occuper sa place, il n’a pensé qu’à lui paroître redoutable, et à se flatter de la fausse vanité de lui être opposé.

« Il a su néanmoins profiter avec habileté des malheurs publics pour se faire cardinal : il a souffert sa prison avec fermeté, et n’a dû sa liberté qu’à sa hardiesse. La paresse l’a soutenu avec gloire pendant plusieurs années dans l’obscurité d’une vie errante et cachée : il a conservé l’archevêché de Paris contre la puissance du cardinal Mazarin ; mais après la mort de ce ministre il s’en est démis sans connoitre ce qu’il faisoit, et sans prendre cette conjoncture pour ménager les intérêts de ses amis et les siens propres. Il est entré dans divers conclaves, et sa conduite a toujours augmenté sa réputation. Sa pente naturelle est l’oisiveté : il travaille néanmoins avec activité dans les affaires qui le pressent, et il se repose avec nonchalance quand elles sont finies. Il a une grande présence d’esprit ; et il sait tellement tourner à son avantage les occasions que la fortune lui offre, qu’il semble qu’il les ait prévues et désirées. Il aime à raconter : il veut éblouir indifféremment tous ceux qui l’écoutent par des aventures extraordinaires ; et sou-