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sur le cardinal de retz.

toriques de l’antiquité exaltoient son imagination ; et, par malheur pour lui, il n’y cherchoit que les spéculations brillantes, mais dangereuses, qui pouvoient flatter l’audace et l’indépendance de son caractère.

En 1632 il avoit atteint l’âge de dix-huit ans ; et la situation politique de la France fixoit déjà depuis long-temps son attention. Marie de Médicis, mère de Louis xiii, s’étoit réfugiée en Flandre : elle avoit conservé dans le royaume un grand nombre de partisans, et presque chaque jour voyoit éclore des complots et des conspirations contre l’autorité du cardinal de Richelieu. Ce fut alors qu’un livre italien, contenant l’histoire de la conjuration du comte de Fiesque, tomba entre les mains de l’abbé de Gondy[1]. Il dévora cet ouvrage de Mascardi ; et comme il n’y trouva pas les doctrines anarchiques dont il étoit idolâtre, il résolut de le refaire, en ne changeant presque rien au plan ni à la suite de la narration.

Cette première production d’un homme si fameux est infiniment curieuse : on y trouve toutes les théories qu’il mit un peu plus tard en pratique ; et elle se distingue surtout par un style animé, précis, énergique, dont la prose française ne présentoit alors aucun modèle. Nous offrirons donc un extrait assez étendu de cet ouvrage, que nous comparerons à l’original italien. Nous en userons de même, par la suite, à l’égard de quelques autres écrits du cardinal de Retz, que nous avons trouvés la plupart dans des recueils ignorés, et qui peuvent, aussi bien que ses Mémoires,

  1. (i) La Congiura del conte Gio. Luigi de Fieschi, descritta da Agostino Mascardi. Anvers, 1629.