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de faire usage des derniers remèdes, dont jusqu’à présent il n’avoit pas voulu se servir, dans la crainte de troubler l’État pendant la guerre. C’étoit une nouvelle menace d’interdit : mais la cour n’en étoit pas effrayée, parce qu’elle savoit que Retz redoutait toujours qu’on ne procédât contre lui pour sa conduite pendant les troubles, et qu’on ne le condamnât comme rebelle. Les jansénistes se servirent de tous les moyens qui étoient en leur pouvoir, pour donner à cette lettre la plus grande publicité ; mais elle produisit peu d effet.

Mazarin mourut le 9 mars 1661. Aussitôt que cette nouvelle fut parvenue au cardinal de Retz, qui étoit à Amsterdam, il se crut délivré du seul obstacle qui s’opposoit à ce qu’il allât se mettre en possession de son archevêcbé. Il prit donc en grande hâte la route de Paris : mais ayant appris à Valenciennes que les ordres les plus sévères étoient donnés contre lui s’il osoit reparoître en France, il revint tristement sur ses pas, s’arrêta quelque temps à Bruxelles, puis alla se fixer à La Haye.

Cependant Louis xiv, qui immédiatement après la mort de Mazarin avoit annoncé l’intention de gouverner par lui-même, voulut mettre fin aux troubles qui désoloient depuis plusieurs années l’Église de Paris. Il chargea Le Tellier de négocier avec Retz ; et la première condition qu’on exigea de lui fut sa démission. D’ailleurs des propositions fort avantageuses lai furent faites ; mais on lui déclara que s’il s’y refusoit, tout espoir de revenir en France lui seroit désormais enlevé. Fatigué de mener une vie errante, il rejeta les conseils violens des jansénistes, et les bases de la négociation furent bientôt arrêtées. Il fut