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que s’il parvenoit à rendre un si grand service à celui dont son sort dépendoit, rien ne s’opposeroit plus à ce que Louis xiv lui pardonnât. Mais Charles rejeta avec hauteur cette avance imprudente : alors le prélat déclama plus que tout le monde contre les prétentions exorbitantes d’une famille dont il exagéra l’obscurité, et ne négligea rien pour faire croire que c’étoit lui qui avoit mis obstacle à une alliance aussi disproportionnée. Cette conduite fut loin de lui concilier l’estime de la cour d’Angleterre ; cependant il reçut de Charles II des secours assez considérables.

Revenu en Hollande, il apprit que la santé de Mazarin déclinoit visiblement, et que sa guérison sembloit impossible. Alors il prit un ton entièrement opposé à celui dont il s’étoit servi jusqu’alors : il fit représenter à Mazarin qu’il n’étoit ni juste ni glorieux de laisser le diocèse de Paris dans le trouble où il se trouvoit plongé depuis si long-temps ; et qu’il étoit digne d’un ministre qui avoit rendu la paix à l’Europe, de couronner son ouvrage en la donnant à l’Église. Mazarin se montra peu sensible à ce langage, qui, quoique fort radouci, n’annonçoit point dans celui qui le tenoit l’intention de donner sa démission. Le prélat, irrité, résolut d’écrire une nouvelle circulaire aux évêques du royaume ; et le projet lui en fut encore fourni par messieurs de Port-Royal.

On y reprochoit à Mazarin la dureté de son cœur, lorsqu’il étoit sur le point de descendre au tombeau : on imploroit le secours et les prières de tous les prélats de l’Église catholique ; on annonçoit que si justice n’étoit pas rendue à un archevêque illégalement proscrit, il n’en demeureroit pas là, et qu’il seroit obligé