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notice

L’année suivante (1659), il fit un voyage à Ratisbonne, où il apprit que la paix entre la France et l’Espagne étoit sur le point de se conclure. Cette nouvelle, qui détruisoit presque toutes ses espérances, lui fit adopter la résolution d’aller à Bruxelles se concerter de nouveau avec le prince de Condé, qui devoit prendre à cet événement le même intérêt que lui. Ils s’efforcèrent de mettre des obstacles à la paix, mais leurs tentatives furent inutiles : le traité des Pyrénées fut conclu le 7 novembre 1609 ; le prince y fut compris, sans qu’aucune de ses prétentions eût été admise ; et Retz, auquel on ne fit pas même de propositions, tomba dans la situation la plus fâcheuse. Il retourna en Hollande, où il se livra plus que jamais à la dissipation : la discorde se mit parmi ses domestiques, qui cependant s’unissoient souvent pour lui reprocher leur exil et leur malheur ; et il ne trouva, pour s’étourdir, que des distractions peu dignes du caractère sacré qu’il s’obstinoit cependant à faire valoir.

En 1660, il alla deux fois en Angleterre. Charles II étoit rétabli depuis l’année précédente ; et Retz, qui avoit été assez heureux pour lui rendre en France quelques services, fut très-bien accueilli par ce prince. Il profita de cette faveur pour tramer une intrigue, sur laquelle il fondoit l’espoir de rentrer dans son pays avec des conditions avantageuses. Pendant les conférences de la paix, le roi d’Angleterre, qui n’avoit point encore la certitude de remonter sur son trône, avoit témoigné, mais vainement, le désir d’épouser l’une des nièces de Mazarin : Retz, instruit que le ministre s’étoit repenti de n’avoir pas prêté l’oreille à cette négociation, essaya de la renouer, se flattant