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gues avoient été déconcertées, ses tentatives avoient échoué ; et sa vie, depuis plusieurs années, n’étoit qu’une suite de contre-temps. « Ce pamphlet, dit le cardinal de Retz, toucha tellement cet esprit altier et superbe, qu’il ne put s’empêcher d’en verser des larmes en présence de douze ou quinze personnes. » L’écrit contre Condé fit un effet tout différent sur ce prince : il le lut avec beaucoup d’attention ; et le poète Marigny lui ayant dit qu’il falloit que ce fût un bel ouvrage, puisqu’il y prenoit tant de plaisir : « Il est vrai, répliqua-t-il, que j’y en prends beaucoup, car il me fait connoître mes fautes, que personne n’ose me dire. »

La présence du prince de Condé fit naître à Paris beaucoup de désordres. Chaque jour les magistrats risquoient d’être massacrés par la populace en fureur, et bientôt les affaires tombèrent dans la crise la plus effrayante. La cour et l’armée du prince de Condé s’étoient rapprochées de la capitale ; et ce dernier, voulant prendre une position avantageuse près de Charenton, fut attaqué dans le faubourg Saint-Antoine par Turenne qui l’auroit accablé, si Mademoiselle, qui s’étoit rendue à la Bastille, n’eût fait ouvrir les portes de la ville, et n’eût ordonné qu’on tirât le canon de la forteresse sur les troupes royales (2 juillet). Le surlendemain, une grande assemblée se tint à l’hôtel-de-ville : Gaston et Condé s’y présentèrent ; et ces deux princes ayant fait apercevoir en sortant qu’ils n’étoient pas satisfaits des dispositions des notables, une horrible révolte éclata au moment même. La populace mit le feu aux portes de l’hôtel-de-ville, se précipita dans l’intérieur, et plu-