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[1649] MÉMOIRES

à mon avis, ce que M. de Bouillon avoit dit ces jours passés de la crainte qu’il avoit qu’elle ne nous abandonnât, aussitôt qu’elle auroit lieu de croire que nous aurions forcé le cardinal Mazarin à désirer si nécessairement la paix avec elle. Je conclus mon discours par l’offre que je fis de sacrifier de bon cœur la coadjutorerie de Paris au ressentiment de la Reine et à la passion du cardinal, si on vouloit prendre le parti que je proposois. Je l’eusse fait avec joie pour un aussi grand honneur qu’eût été celui de contribuer à la paix générale ; et je ne fus pas fâché de plus de faire un peu de honte aux gens touchant les intérêts particuliers, dans une conjoncture où il est vrai qu’ils arrêtoient la plus glorieuse, la plus utile et la plus éclatante action du monde. M. de Bouillon combattit mes raisons par toutes celles dont il les avoit déjà combattues la première fois, et il finit en disant : « Je sais que la déclaration de mon frère peut faire croire que j’ai de grandes vues et pour lui et pour moi, et pour toute ma maison. Je n’ignore pas que ce que je viens de dire de la nécessité que je crois qu’il y a de le laisser avancer avant que nous prenions un parti décisif, doit confirmer tout le monde dans cette pensée. Je ne désavoue pas même que je ne l’aie, et que je ne sois persuadé qu’il m’est permis de l’avoir : mais je consens que vous me fassiez tous passer pour le plus lâche des hommes si je m’accommode jamais avec la cour, que vous ne m’ayez tous dit que vous êtes satisfaits : et je prie M. le coadjuteur de me déshonorer, si je ne demeure fidèlement dans cette parole. »

Cette déclaration ne réussit pas à faire recevoir de