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[1649] MÉMOIRES

donniez aussi le temps de faire leur rapport, contre lequel vous ne pourrez pas vous empêcher de déclamer. Que si vous joignez la déclamation contre eux, à ce grand éclat de la proposition de la paix générale dont vous allez éblouir toutes les imaginations, il ne sera pas en votre pouvoir d’empêcher que le peuple ne déchire à vos yeux et le premier président et le président de Mesmes. Vous passerez pour les auteurs de cette tragédie ; vous serez formidables le premier jour, et odieux le second. »

M. de Beaufort, à qui Brillac venoit de parler à l’oreille, m’interrompit à ce mot, et me dit : « Il y a un bon remède : il leur faut fermer les portes de la ville ; il y a plus de quatre jours que tout le peuple ne crie autre chose. — Ce n’est pas mon sentiment, lui répondis-je ; vous vous feriez passer dès demain pour les tyrans du parlement, dans l’esprit de ceux mêmes de ce corps qui auront été d’avis aujourd’hui que vous les leur fermiez. — Il est vrai, reprit M. de Bouillon ; le président de Bellièvre me le disoit cette après-dînée, et qu’il est nécessaire pour les suites que le premier président et le président de Mesmes paroissent les déserteurs et non pas les exilés du parlement. — Il a raison, ajoutai-je encore : car en la première qualité ils y seront abhorrés toute leur vie ; dans la seconde, ils y seront « plaints dans deux jours, et regrettés dans quatre. « — Mais on peut tout concilier, dit M. de Bouillon ; laissons entrer les députés, laissons-les faire leur rapport sans nous emporter : ainsi nous n’échaufferons pas le peuple. Vous convenez que le parlement.