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DU CARDINAL DE RETZ. [1649]

possible sera si facile présentement, que nous n’avons pas besoin d’attendre, pour animer davantage la compagnie, qu’on nous ait fait le rapport des articles qui l’aigriroient assurément. C’étoit ma première pensée ; et quand j’ai commencé à parler, j’avois dessein de vous proposer, monsieur, dis-je à M. le prince de Conti, de vous servir du prétexte de ces articles pour échauffer le parlement. Mais il est plus à propos d’en prévenir le rapport, parce que le bruit que nous pouvons répandre cette nuit de l’abandonnement des généraux jettera plus d’indignation dans les esprits que le rapport même, que les députés déguiseront au moins de quelques méchantes couleurs. »

Comme j’en étois là, je reçus un paquet de Ruel, dans lequel je trouvai une seconde lettre de Viole, avec un brouillon du traité contenant les articles ci-dessus. Ils étoient si mal écrits que je ne les pus presque lire : mais ils me furent expliqués par une autre lettre qui étoit dans le même paquet de Lescuyer, maître des comptes, et qui étoit un député. Il ajoutoit, par un billet séparé, que le cardinal Mazarin avoit signé. Toute la compagnie douta encore moins, depuis la lecture de ces lettres et de ces articles, de la facilité qu’il y auroit à enflammer le parlement. « J’en conviens, leur dis-je, mais je ne change pas pour cela de sentiment : je suis encore plus persuadé qu’il ne faut point souffrir le retour des députés, si l’on se résout à prendre le parti que je propose. En voici la raison. Si vous leur donnez le temps de revenir à Paris avant que de vous déclarer pour la paix générale, il faut que vous leur