Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 44.djvu/422

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
420
[1649] MÉMOIRES

leur avoient fait voir depuis deux ou trois jours que la cour étoit persuadée que le parlement n’étoit qu’une représentation, et qu’au fond il falloit compter avec les généraux. Vassé en avoit assuré M. de Bouillon : madame de Montbazon avoit reçu cinq ou six billets de la cour, qui portoient la même chose. Il faut avouer que M. le cardinal Mazarin joua et couvrit très-bien son jeu en cette rencontre ; et il en est d’autant plus à estimer, qu’il avoit à se défendre de l’imprudence de La Rivière qui étoit très-grande, et de l’impétuosité de M. le prince, qui en ce temps-là n’étoit pas médiocre. Le propre jour que la paix fut signée, le prince s’emporta contre les députés d’une manière capable de rompre l’accommedement.

Je reviens au conseil que nous tînmes chez M. de Bouillon. Je vous ai déjà dit qu’il ne balança pas un moment à reconnoître qu’il n’avoit pas jugé sainement de l’état des choses. Il le dit publiquement, comme il me l’avoit dit à moi seul. Il n’en fut pas ainsi des autres : nous eûmes le plaisir lui et moi de remarquer qu’ils répondoient à leurs pensées plutôt qu’à ce qu’on leur disoit : ce qui ne manque presque jamais en ceux qui savent qu’on peut leur reprocher quelque chose avec justice. Il ne tint pas à moi de les obliger à dire leur avis les premiers. Je suppliai M. le prince de Conti de considérer qu’il lui appartenoit par toutes sortes de raisons d’ouvrir et de fermer la scène. Il parla si obscurément que personne n’y entendit rien. M. d’Elbœuf s’étendit beaucoup, et ne conclut rien. M. de Beaufort employa son lieu commun, qui étoit d’assurer qu’il iroit toujours