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DU CARDINAL DE RETZ. [1649]

qui, au poste où ils étoient, n’étoient pas d’humeur à se contenter de peu de chose. Les incertitudes de M. de La Rochefoucauld ne plaisoient pas à La Rivière, qui d’ailleurs considéroit que le compte que l’on feroit avec M. le prince de Conti ne seroit jamais bien sûr pour les suites, s’il n’étoit aussi arrêté par M. le prince, qui, sur l’article du cardinalat de monsieur son frère, n’étoit pas de trop facile composition. Ce que j’avois répondu aux offres que j’avois reçues par le canal de madame de Lesdiguières ne donnoit pas lieu à la cour de croire que je fusse aisé à ébranler.

Enfin M. le cardinal Mazarin trouvoit toutes les portes de la négociation ou fermées ou embarrassées. Ce désespoir de réussir, pour ainsi dire, fut par l’événement plus utile à la cour que la négociation la plus fine lui eût pu être : car il ne l’empêcha pas de négocier, le cardinal ne s’en pouvant jamais empêcher par son naturel. Il fit toutefois que, contre son ordinaire, il ne se fia pas à sa négociation ; et ainsi il amusa nos généraux, tandis qu’il envoyoit huit cent mille livres qui enlevèrent à M. de Turenne son armée ; et qu’il obligeoit les députés de Ruel à signer une paix, contre les ordres de leur corps. Le président de Mesmes m’a assuré plusieurs fois que cette conclusion de la paix fut purement l’effet d’un concert pris, la nuit d’entre le 8 et le 9 de mars, entre le cardinal et lui ; et que le cardinal lui ayant dit qu’il connoissoit clairement que M. de Bouillon ne vouloit négocier que quand M. de Turenne seroit à la portée de Paris et des Espagnols, c’est-à-dire en état de se faire donner la moitié du royaume, lui, président de Mesmes, lui avoit répondu : « Il n’y a de salut qu’à faire