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[1649] MÉMOIRES

et qu’il ne tenoit pas à elle que les cent muids de blé ne passassent. La Reine demanda, pour condition préalable de la levée du siège, que le parlement s’engageât à aller tenir ses séances à Saint-Germain tant qu’il plairoit au Roi, et qu’il promît de ne s’assembler de trois ans. Les députés refusèrent tout d’une voix ces deux propositions, sur lesquelles la cour se modéra dès l’après-dînée même ; M. le duc d’Orléans ayant dit aux députés que la Reine se relâchoit de la translation du parlement, et qu’elle se contenteroit que, lorsqu’on seroit d’accord de tous les articles, il allât tenir un lit de justice à Saint-Germain, pour y vérifier la déclaration qui contiendroit les articles. On modéroit aussi les trois années de défense de s’assembler, à deux. Les députés ne s’opiniâtrèrent pas sur le premier, mais ils ne se rendirent pas sur le second, soutenant que le privilège de s’assembler étoit essentiel au parlement.

Ces contestations, jointes à plusieurs autres, irritèrent si fort les esprits lorsqu’on les sut à Paris, que l’on ne parloit de rien moins, au feu de la grand’chambre, que de révoquer le pouvoir des députés ; et messieurs les généraux, qui se voyant recherchés par la cour, qui n’en avoit pas fait beaucoup de cas jusqu’à la déclaration de M. de Turenne, ne doutoient point qu’ils ne fissent encore leurs conditions encore beaucoup meilleures lorsqu’elle seroit plus embarrassée, n’oublièrent rien pour faire crier le parlement et le peuple, afin que le cardinal connût que tout ne dépendoit pas de la conférence de Ruel. J’y contribuai de mon côté, dans la vue de régler ou plutôt de modérer un peu la précipitation avec laquelle le premier président et le pré-