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tôt le nom de cardinal de Retz ; et voulant se ménager encore à la cour, afin de ne pas empêcher le Roi de lui donner le chapeau, il prit le prétexte du cérémonial attaché à sa nouvelle dignité, pour ne plus paroître au parlement. Il convient lui-même qu’il eut une joie sensible d’avoir trouvé cet expédient pour cesser d’assister à ces assemblées. « Elles étoient devenues, dit-il, non-seulement ennuyeuses, mais insupportables. » Il n’est pas besoin d’observer que le nouveau cardinal ne les jugeoit ainsi que parce qu’il y avoit perdu toute son influence, et qu’elles ne lui avoient pas inspiré ce dégoût lorsqu’elles étoient le théâtre de ses triomphes.

En affectant de se tenir à l’écart, il continuoit cependant d’être fort assidu auprès de Gaston ; et sa conduite équivoque donnoit de grandes défiances au peuple, qui le soupçonnoit d’être d’intelligence avec Mazarin. Un jour, au moment où il sortoit du Luxembourg, la multitude se souleva contre lui ; et cet homme, jadis si populaire, manqua d’être assommé par ceux dont il avoit allumé les passions. Sa présence d’esprit le déroba heureusement à ce danger.

Le prince de Condé, qui ne pouvoit tenir en Guyenne contre les troupes royales, prit le parti de quitter secrètement cette province, et de venir se mettre à la tête de l’armée que commandoient les ducs de Nemours et de Beaufort. Il espéroit surprendre et enlever la cour, qui étoit alors à Gien : il battit en effet le maréchal d’Hocquincourt, mais il fut repoussé par Turenne près de Bleneau. Ayant manqué ce coup, qui auroit assuré son triomphe, il laissa son armée, et vint à Paris le 11 avril, dans l’espoir de dé-