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DU CARDINAL DE RETZ. [1649]

même d’accommodement du parlement, quoique dans la même conférence j’eusse plus de vingt fois protesté que je ne me séparerois point de lui. Cette résolution étoit l’unique cause pour laquelle je ne voulois pas signer un traité dont il n’étoit point.

M. d’Elbœuf me dit tout haut : « Vous ne pouvez trouver que dans le peuple les expédiens dont vous venez de parler à ces messieurs. — C’est où je ne les chercherai pas, lui répondis-je : M. de Bouillon en répondra pour moi. » M. de Bouillon, qui eût voulu que je signasse, prit la parole. « Je sais, dit-il, que ce n’est pas votre intention ; mais je suis persuadé que vous faites contre votre intention, sans le croire : et que nous gardons, en signant, plus d’égard pour le parlement que vous n’en gardez vous-même en ne signant pas » (il abaissa sa voix à cette dernière parole, afin que les envoyés n’en entendissent pas la suite) ; « nous nous réservons une porte de derrière pour sortir d’affaire avec le parlement. — Il ouvrira cette porte, lui répondis-je, quand vous ne le voudrez pas, comme il y paroît déjà, et vous la voudrez fermer quand vous ne le pourrez pas : on ne se joue pas avec cette compagnie. » M. le prince de Conti nous appela à cet instant. On lut le traité, et on le signa. Voilà ce qui nous en parut. Don Gabriel de Tolède m’a dit depuis que les envoyés avoient donné deux mille pistoles à madame de Montbazon, et autant à M. d’Elbœuf.

Je revins chez moi, chagrin de ce qui venoit de se passer. Le président de Bellièvre et Montrésor[1],

  1. Montrésor : Claude de Bourdeille, comte de Montrésor, fils de Henri de Bourdeille. Ses Mémoires font partie de cette série.