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DU CARDINAL DE RETZ. [1649]

sive, puisqu’il y alloit d’engager ou de ne pas engager le parlement. Il m’avoit pressé plus de vingt fois de faire ce que je lui offrois présentement. La raison qui me donnoit lieu de lui offrir ce que j’avois toujours rejeté étoit la déclaration de monsieur son frère, qui lui donnoit encore plus de force qu’à moi. Au lieu de la prendre il s’affoiblit, parce qu’il croit que le Mazarin lui lâchera Sedan. Il s’attache dans cette vue à ce qui le lui peut donner purement : il préfère les petits intérêts à celui qu’il pouvoit trouver à donner la paix à l’Europe. Ce pas m’a obligé de vous dire que, quoiqu’il ait eu de très-grandes parties, je doute qu’il ait été aussi capable qu’on l’a cru des grandes choses qu’il n’a pas faites. Il n’y a point de qualités qui déparent tant un grand homme que de n’être pas juste à prendre le moment décisif de la réputation. On ne le manque presque jamais que pour mieux prendre celui de sa fortune ; et c’est en quoi l’on se trompe pour l’ordinaire doublement. Il ne fut pas, à mon avis, habile en cette occasion, parce qu’il y voulut être fin. Cela arrive assez souvent.

Nous nous trouvâmes le lendemain chez M. le prince de Conti. Madame de Longueville, qui étoit accouchée de monsieur son fils plus de six semaines auparavant, et dans la chambre de laquelle on avoit parlé plus de vingt fois d’affaires, ne se trouva point à ce conseil ; et je crus du mystère à son absence. La matière y ayant été débattue par M. de Bouillon et par moi sur les mêmes principes agités chez lui, M. le prince de Conti fut du sentiment de M. de Bouillon, et avec des circonstances qui me firent juger qu’il y avoit de la négociation. M. d’Elbœuf fut doux comme