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DU CARDINAL DE RETZ. [1649]

traité avec l’Espagne nous nous laissons toujours une porte de derrière ouverte par la clause qui regardera le parlement, nous nous en servirons et pour l’avantage du public et pour le nôtre, si la cour ne se met à la raison. »

Ces considérations, quoique sages et profondes, ne me convainquirent pas, parce que la conduite que M. de Bouillon en inféroit me paroissoit impraticable. Je concevois bien qu’il amuseroit les envoyés ; mais je ne me figurois pas comment il amuseroit le parlement, qui traitoit actuellement avec la cour, qui avoit déjà ses députés à Ruel, et qui, de toutes ses saillies, retomboit toujours, même avec précipitation, à la paix. Je considérois qu’il n’y avoit qu’une déclaration publique qui le pût retenir en la pente où il étoit ; que, selon les principes de M. de Bouillon, cette déclaration ne se pouvoit point faire ; et que ne se faisant point, et le parlement par conséquent allant son chemin, nous tomberions, si quelqu’une des cordes manquoit, dans la nécessité de recourir au peuple : ce que je tenois pour le plus mortel de tous les inconvéniens.

M. de Bouillon m’interrompit à ce mot, Si quelqu’une de nos cordes manquoit, pour me demander ce que j’entendois par là. Je lui répondis : « Par exemple, monsieur, si M. deTnrenne mouroit à l’heure qu’il est ; si son armée se révoltoit, comme il n’a pas tenu à Erlac que cela ne fût, que deviendrions-nous si nous n’avions engagé le parlement ? Des tribuns du peuple, le premier jour ; et le second, des valets du comte de Fuensaldagne. C’est ma vieille chanson : Tout avec le parlement, rien sans lui. »