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tenons par des établissemens qui joignent à la réputation de la bonne intention celle de la sagesse. Sur le tout, j’admire votre désintéressement, et je l’estime ; mais je suis assuré que vous n’approuveriez pas le mien s’il alloit aussi loin que le vôtre. Votre maison est établie : considérez la mienne, et jetez les yeux sur l’état où est cette dame, et sur celui où sont le père et les enfans. »

Je répondis à ces raisons par toutes celles que je crus trouver en abondance dans la considération que les Espagnols ne pourroient s’empêcher d’avoir pour nous en nous voyant maîtres absolus de Paris, de huit mille hommes de pied, de trois mille chevaux à sa porte, et de l’armée de l’Europe la mieux aguerrie qui marchoit à nous. Je n’oubliai rien pour le persuader de mes sentimens. Il fit tout ce qu’il put pour me persuader les siens, qui étoient de faire toujours croire aux envoyés de l’archiduc que nous étions tout-à-fait résolus à nous engager avec eux pour la paix générale ; de leur dire en même temps que nous croyions qu’il seroit beaucoup mieux d’y engager le parlement : ce qui ne se pouvoit faire que peu à peu, et comme insensiblement ; et d’amuser par ce moyen les envoyés, en signant avec eux un traité qui ne seroit que comme un préalable de celui que l’on prejetoit avec le parlement, lequel par conséquent ne nous obligeroit encore à rien de tout-à-fait positif à l’égard de la paix générale ; et cependant cela les contenteroit suffisamment pour faire avancer leurs troupes. « Celles de mon frère, ajouta M. de Bouillon, s’avanceront en même temps ; la cour étonnée en viendra à un accommodement. Comme dans notre