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DU CARDINAL DE RETZ. [1649]

seroit encore beaucoup plus idiot qu’il n’est (ce qui est beaucoup dire), s’il se pouvoit résoudre à se naturaliser Espagnol, portant comme il le porte le nom de Bourbon. Voilà ce que M. le coadjuteur vous a répété dix fois depuis quatre jours, pour vous faire entendre que ni lui ni M. de Beaufort ne veulent opprimer le parlement par le peuple parce qu’ils sont persuadés qu’ils ne se pourroient maintenir que par la protection d’Espagne, dont le premier soin dans la suite seroit de les décréditer eux-mêmes dans le public. — Ai-je bien compris votre sentiment ? me dit M. de Bouillon en se tournant vers moi ; et puis il me dit en continuant : « Ce qui nous convient, ce fondement posé, est d’empêcher que le parlement ne nous mette dans la nécessité de faire ce qui, par ces raisons, n’est pas de notre intérêt. Nous avons pris pour cet effet des mesures, et nous avons lieu d’espérer qu’elles réussiront. Mais si nous nous trouvons trompés par l’événement, et si le parlement se porte malgré nous à une paix honteuse, où nous ne rencontrions pas même notre sûreté, que ferons-nous ? Je vous le demande d’autant plus instamment que cette résolution est le préalable de celle qu’il faut prendre dans ce moment, sur la manière dont il est à propos de conclure avec les envoyés de l’archiduc. » Je répondis à M. de Bouillon ces propres paroles, que je transcrivis, un quart-d’heure après les avoir dites, sur la table même du cabinet de M. de Bouillon.

« Si nous ne pouvons retenir le parlement par les considérations et par les mesures que nous avons déjà