Page:Petitot - Collection complète des mémoires relatifs à l’histoire de France, 2e série, tome 44.djvu/38

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
36
notice

der Gondy comme son libérateur, ne tarda pas à se brouiller avec lui ; et voulant être le seul maître, il tomba dans les mêmes fautes qui, l’année précédente, avoient donné lieu à son arrestation. La Reine, ne pouvant supporter le joug qu’il vouloit lui imposer, résolut, d’après les conseils de Mazarin, de traiter de nouveau avec le coadjuteur, persuadé qu’il pourroit seul réprimer l’audace du prince de Condé, avec qui elle pensoit qu’il devoit être irréconciliable. Il fut donc mandé la nuit dans l’oratoire de la princesse : elle lui promit la nomination au cardinalat, et de son côté il prit l’engagement de forcer le prince, soit à fléchir devant elle, soit à quitter la capitale, exigeant néanmoins qu’on lui laissât la liberté de continuer ses déclamations contre Mazarin, comme l’unique moyen de conserver sa popularité. Il ne lui fut pas difficile de noircir le prince dans l’esprit de Gaston ; et bientôt, avec l’assistance de la cour, il fut en état de disputer le pavé de Paris au vainqueur de Rocroy et de Lens. Cette rivalité, qui pouvoit passer pour insensée et même ridicule de la part du coadjuteur, donna lieu à des scènes violentes dans le parlement : chaque parti y conduisoit une multitude d’hommes armés ; et les menaces qu’on s’adressoit pouvoient être suivies d’une lutte sanglante. Enfin le 21 août, Gondy ayant voulu développer toutes ses forces, manqua de périr dans la salle qui précédoit celle de l’assemblée des chambres. Effrayé du danger qu’il avoit couru, il cessa momentanément d’aller au Palais ; et le prince, quoique maître du champ de bataille, résolut de quitter Paris pour aller allumer la guerre civile en