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DU CARDINAL DE RETZ. [1649]

et je trouvai dans la salle une foule de peuple qui crioit : Vive le coadjuteur ! Point de paix, et point de Mazarin ! Comme M. de Beaufort entra en même temps par le grand degré, les échos de nos noms qui se répandoient faisoient croire aux gens que ce qui ne se rencontroit que par un pur hasard avoit été concerté pour troubler la délibération du parlement. Et comme en matière de sédition tout ce qui la fait croire l’augmente, nous faillîmes à faire en un moment ce que nous travaillions depuis huit jours à empêcher.

Le premier président et le président de Mesmes, qui avoient supprimé, de concert avec les autres députés, la réponse par écrit que la Reine leur avoit faite, pour ne point aigrir les esprits par des expressions un peu trop fortes, à leur gré, qui y étoient contenues, ornèrent de toutes les couleurs qu’ils purent les termes obligeans avec lesquels elle leur avoit parlé. On opina ensuite ; et après quelques contestations sur le plus ou moins de pouvoir que l’on donneroit aux députés, on résolut de le leur donner plein et entier, de prendre pour la conférence tel lieu qu’il plairoit à la Reine de choisir ; de nommer pour députés quatre présidens, deux conseillers de la grand’chambre, un de chaque chambre des enquêtes, un des requêtes, un ou deux de messieurs les généraux, deux de chacune des compagnies souveraines, et le prévôt des marchands ; d’en donner avis à M. de Longueville, et aux députés des parlemens de Rouen et d’Aix ; et d’envoyer dès le lendemain les gens du Roi demander l’ouverture des passages, selon ce qui avoit été promis par la Reine. Le président de Mesmes, sur-