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[1649] MÉMOIRES

du vicaire de Saint-Paul, qui me donnoit avis que Toucheprez, capitaine des gardes de M. d’Elbœuf, avoit jeté quelque argent parmi les garçons de boutique de la rue Saint-Antoine, pour aller crier le lendemain contre la paix dans la salle du Palais. M. de Bouillon, de concert avec moi, écrivit sur l’heure à M. d’Elbœuf ces quatre ou cinq mots sur le dos d’une carte, pour lui faire voir qu’il avoit été bien pressé : « Il n’y a point de sûreté pour vous demain au Palais. »

M. d’Elbœuf vint en même temps à l’hôtel de Bouillon, pour apprendre ce que ce billet vouloit dire ; et M. de Bouillon lui dit qu’il venoit d’avoir avis que le peuple s’étoit mis dans l’esprit que M. d Elbœuf et lui avoient intelligence avec le Mazarin et qu’il ne croyoit pas qu’il fût judicieux de se trouver dans la foule que l’attente de la délibération attireroit infailliblement le lendemain dans la salle du Palais.

M. d’Elbœuf, qui savoit bien qu’il n’avoit pas la voix publique, et qui ne se tenoit pas plus en sûreté chez lui qu’ailleurs, témoigna qu’il appréhendoit que son absence dans une journée de cette nature ne fût mal interprétée. M. de Bouillon, qui ne la lui avoit preposée que pour lui faire craindre l’émotion, prit ouverture de la difficulté qu’il lui en fit, pour s’assurer encore plus de lui par une autre voie, en lui disant qu’il étoit effectivement persuadé qu’il feroit mieux d’aller au Palais : mais qu’il n’y devoit pas aller comme une dupe ; qu’il falloit qu’il y vînt avec moi ; qu’il le laissât faire, et qu’il trouveroit un expédient naturel, et comme imperceptible à moi-même. Le lendemain 28 février, j’allai au Palais avec