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DU CARDINAL DE RETZ. [1649]

Le 26, il y eut de la chaleur dans le parlement, sur ce qu’y ayant eu nouvelle que Grancey avoit assiégé Brie-Comte-Robert avec cinq mille hommes de pied et trois mille chevau : s, la plupart des conseillers vouloient ridiculement que l’on s’exposât à une bataille pour la secourir. Messieurs les généraux eurent toutes les peines du monde à leur faire entendre raison. La place ne valoit rien ou étoit inutile, par deux ou trois considérations. M. de Bouillon, qui à cause de sa goutte ne pouvoit venir au Palais, les envoya par écrit à la compagnie, qui se montra plus peuple en cette occasion qu’on ne le peut croire. Bourgogne, qui étoit dans la place, se rendit ce jour-là même. S’il eût tenu plus long-temps, je ne sais si l’on eût pu s’empêcher de faire, contre les règles de la guerre, quelques tentatives bizarres pour étouffer les criailleries de ces impertinens. Je m’en servis pour leur faire désirer à eux-mêmes que notre armée sortît de Paris. J’apostai le comte de Malauze[1] pour dire au président Charton qu’il savoit de science certaine que si l’on n’avoit pas secouru Brie-Comte-Robert, c’étoit parce qu’il étoit impossible de faire sortir assez à temps les troupes de la ville ; et que c’avoit déjà été l’unique cause de la perte de Charenton. Je fis dire au président de Mesmes que l’on savoit de bon lieu que j’étois fort embarrassé, parce que d’un côté je voyois que la perte de ces deux places étoit imputée par le public à l’opiniâtreté que l’on avoit eue de tenir nos troupes resserrées dans l’enclos de nos murailles, et que de l’autre je ne me pouvois résoudre à éloigner seulement de deux pas de ma personne tous ces gens de

  1. Louis de Bourbon-Malauze, mort en 1667. (A. E.)