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de son influence. Instruit que le Pape étoit disposé à lui donner la pourpre, il fit des démarches pour obtenir la nomination du Roi : cette demande ayant éprouvé des difficultés, il prit un ton menaçant, et déclara que si l’on n’adhéroit pas à ses désirs, il se joindroit au parti des princes, qui s’augmentoit chaque jour de tous les ennemis de Mazarin (décembre 1650). Il dit même à Le Tellier, qui conféroit avec lui de la part de la Reine : « Qu’on l’avoit mis dans une condition telle, qu’il ne pouvoit plus être que chef de parti ou cardinal. » Ce ton étoit fait pour révolter la Reine, qui repoussa ses importunes sollicitations. Alors il traita avec les princes, prit l’engagement de les faire sortir de prison, et leur livra l’oncle du Roi, ainsi que tous les amis qui lui restoient parmi les frondeurs.

Cet arrangement produisit un soulèvement général, et beaucoup plus redoutable que celui qui avoit éclaté en 1648. Le ministre fut obligé de sortir furtivement de Paris dans la nuit du 7 janvier 1651 ; et Gondy, craignant que la Régente n’allât le joindre, prit sur lui, malgré les ordres positifs de Gaston, de la tenir prisonnière dans son palais, prétendant que cet attentat étoit rectifié et même sanctifié par les circonstances. Mazarin, jugeant qu’il lui seroit impossible de résister à un si violent orage, alla lui-même délivrer les princes, qui depuis quelque temps avoient été transférés au Havre ; et n’ayant pu traiter avec eux, il se réfugia momentanément dans l’électorat de Cologne, d’où il continua de diriger le cabinet de la Reine.

Le prince de Condé, qui feignit d’abord de regar-