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DU CARDINAL DE RETZ. [1649]

se déclarer pour le parti ; qu’il n’y a plus que deux colonels dans son armée qui lui fassent peine ; qu’il s’en assurera d’une manière ou d’autre avant qu’il soit huit jours, et qu’à l’instant il marchera à nous. Il nous a demandé le secret pour tout le monde, hors pour vous. — Mais sa gouvernante, ajouta avec colère madame de Bouillon, nous l’a commandé pour vous comme pour les autres. » La gouvernante dont elle vouloit parler étoit la vieille mademoiselle de Bouillon sa sœur, en qui il avoit une confiance abandonnée, et que madame de Bouillon haïssoit de tout son cœur. M. de Bouillon reprit la parole, et me dit : « Qu’en dites-vous ? ne sommes-nous pas les maîtres de la cour et du parlement ? — Je ne serai pas ingrat, répondis-je  ; je paierai votre secret d’un autre qui n’est pas si important, mais qui n’est pas peu considérable. Je viens de voir un billet d’Hocquincourt[1] à madame de Montbazon, où il n’y a que ces mots : Peronne est à la belle des belles « ; et j’en ai reçu un ce matin de Bussy-Lamet, qui m’assure de Mézières. »

Madame de Bouillon se jeta à mon cou : nous ne doutâmes plus de rien, et nous conclûmes en un quart-d’heure le détail de toutes les précautions dont vous avez vu les propositions ci-dessus.

Je ne puis omettre à ce propos une parole de M. de Bouillon. Comme nous examinions les moyens de tirer l’armée hors des murailles, sans donner de la

  1. Charles de Mouchy, marquis d’Hocquincourt, gouverneur de Peronne, etc., maréchal de France en 1651, et tué devant Dunkerque en 1658. (A. E.)