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[1649] MÉMOIRES

vinces. En sommes-nous là ? La cour ne nous peut-elle pas ôter demain le prétexte de la guerre civile, par la levée du siège de Paris et par l’expulsion du Mazarin ? Les provinces commencent à branler ; mais enfin le feu n’y est pas encore assez allumé, pour ne pas continuer avec plus d’application que jamais à faire de Paris notre capitale. Et ces fondemens supposés, est-il sage de songer à faire dans notre parti une diversion qui a ruiné celui de la Ligue, plus formé, plus établi et plus considérable que le nôtre ? Madame de Bouillon dira encore que je prône les inconvéniens sans en marquer les remèdes. Les voici :

« Je ne parlerai point du traité que vous projettez avec l’Espagne, ni du ménagement du peuple : j’en suppose la nécessité. Il y en a un qui m’est venu en l’esprit, et qui est très-capable de nous donner dans le parlement la considération qui nous y est nécessaire. Nous avons une armée à Paris qui, tandis qu’elle sera dans l’enclos des murailles, n’y sera considérée que comme peuple. Il n’y a pas un conseiller dans les enquêtes qui ne s’en croie le maître, pour le moins autant que les généraux. Je vous disois hier au soir que le pouvoir que les premiers prennent quelquefois dans les peuples n’y est jamais cru que par les effets, parce que ceux qui l’y doivent avoir naturellement par leurs caractères en conservent toujours le plus long-temps qu’ils peuvent l’imagination, après qu’ils en ont perdu l’effectif. Faites réflexion sur ce que vous avez vu dans la cour sur ce sujet. Y a-t-il un ministre ni un courtisan qui, jusqu’au jour des Barricades, n’ait tourné en ridicule tout ce qu’on lui disoit de la disposition des peuples pour le parlement ?