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[1649] MÉMOIRES

les Seize, que de taire que le parlement connoisse ce que nous pourrions faire contre lui, assez distinctement pour l’empêcher de faire contre nous ce qu’il croira toujours facile, jusqu’à ce que nous l’en ayons empêché. Et voilà le destin des pouvoirs pepulaires : ils ne se font croire que quand ils se font sentir y et il est très-souvent de l’intérêt et de l’honneur de ceux entre les mains de qui ils sont de les faire moins sentir que croire. Nous sommes en cet état. Le parlement penche vers une paix très-peu sûre et très-incertaine : nous souleverions demain le peuple, si nous voulions. Le devons-nous ? Et si nous ôtions l’autorité au parlement, en quel abîme ne nous jetterions-nous pas dans les suites. ? Tournons le feuillet. Si nous ne le soulevons pas, le parlement croira-t-il que nous le puissions soulever ? S’empêchera-t-il de faire des pas vers la cour qui le perdront peut-être, mais qui nous perdront infailliblement avant lui ? Vous direz bien, madame, que je marque beaucoup d’inconvéniens et peu de remèdes. À quoi je réponds que je vous ai parlé de ceux qui se trouvent déjà naturellement dans le traité que vous projettez avec l’Espagne, et dans l’application que nous avons, M. de Beaufort et moi, à nous maintenir dans l’esprit des peuples ; mais que comme je reconnois dans tous les deux de certaines qualités qui en affoiblissent la force et la vérité, j’ai cru être obligé, monsieur, à rechercher dans votre capacité et dans votre expérience ce qui y pourroit suppléer : et c’est ce qui m’a fait prendre la liberté de vous rendre compte d’un détail que vous auriez vu d’un coup d’œil bien plus dis-