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[1649] MÉMOIRES

cela. Ne prévîmes-nous pas en général ces inconvéniens ? Mais les ayant balancés avec la nécessité que nous trouvâmes à mêler, en quelque façon que ce pût être, l’envoyé et le parlement, nous prîmes celui qui nous parut le moindre ; et je vois bien que M. le coadjuteur pense, à l’heure qu’il est, remédier même à ce moindre. — Il est vrai, monsieur, lui répondis-je ; et je vous proposerai le remède que je m’imagine, quand j’aurai achevé de vous expliquer tous les inconvéniens que j’y vois. Vous avez remarqué que ces jours passés Brillac dans le parlement, et le président Aubry dans le conseil de l’hôtel-de-ville, firent des propositions de paix auxquelles le parlement faillit à donner presques à l’aveugle ; et il crut beaucoup faire que de se résoudre à ne point délibérer sans les généraux. Vous voyez qu’il y a beaucoup de gens dans les compagnies qui commencent à ne plus payer leurs taxes, et beaucoup d’autres qui affectent de laisser couler le désordre dans la police. Le gros du peuple, qui est ferme, fait que l’on ne s’aperçoit pas encore de ce démanchement des parties, qui s’affoibliroient et se détruiroient en peu de temps, si on ne travailloit à les lier et à les consolider ensemble. La chaleur des esprits suffit pour faire cet effet au commencement : quand elle se ralentit, il faut que la force y supplée ; et quand je parle de la force, j’entends celle qu’on tire de la considération où l’on demeure auprès de ceux de la part desquels vous peut venir le mal auquel vous cherchez le remède. Ce que vous faites présentement avec l’Espagne fait entrevoir au parlement qu’il ne se doit pas compter pour tout.