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DU CARDINAL DE RETZ. [1649]

d’attaques ; que, pour le premier, je confessois que j’avois été assez innocent pour avoir failli à donner dans le panneau ; et que si M. de Broussel n’eût ouvert l’avis auquel il avoit passé, je tombois, par un excès de bonne intention, dans une imprudence qui eût peut-être causé la perte de la ville, et dans un crime assez convaincu par l’approbation solennelle que la Reine venoit de donner à la conduite contraire ; que pour ce qui étoit de l’envoyé, j’avouois que je n’avois été d’avis de lui donner audience que parce que j’avois connu à l’air du bureau que le plus de voix de la compagnie alloit à lui donner ; et que, quoique ce ne fût pas mon sentiment particulier, j’avois cru que je ferois mieux de me conformer par avance à celui des autres, et de faire paroître, au moins dans les choses où l’on voyoit bien que la contestation seroit inutile, de l’union et de l’uniformité dans le corps. »

Cette manière humble et modeste de répondre à cent mots aigres et piquans que j’avois essuyés depuis douze ou quinze jours, et ce matin-là encore, du premier président et du président de Mesmes, fit un effet que je ne puis exprimer ; et elle effaça pour assez longtemps l’impression que l’un et l’autre avoient commencé de jeter dans la compagnie, que je prétendois de la gouverner par mes cabales. Rien n’est si dangereux en toutes sortes de communautés : et si la passion du président de Mesmes ne m’eût donné lieu de déguiser un peu le manège qui s’étoit fait dans ces deux scènes assez extraordinaires du héraut et de l’envoyé, je ne sais si la plupart de ceux qui avoient donné à la réception de l’un et à l’exclusion de l’au-