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[1649] MÉMOIRES

Mesmes me désignât avec application et avec adresse, je ne pris rien pour moi, tant que je n’eus rien pour lui faire tête que ce que M. le prince de Conti avoit dit en général de la paix générale, dont il avoit été résolu qu’il parleroit en demandant audience pour le député ; mais qu’il en parleroit peu, pour ne pas marquer trop de concert avec l’Espagne. Quand l’envoyé s’en fut expliqué lui-même aussi obligeamment pour le parlement qu’il le fit, et quand je vis que la compagnie étoit chatouillée du discours qu’il venoit de lui tenir, je pris mon temps pour rembarrer le président de Mesmes, et je lui dis « que le respect que j’avois pour la compagnie m’a voit obligé à dissimuler et à souffrir toutes ses picoteries ; que je les avois fort bien entendues, mais que je ne les avois pas voulu entendre ; et que je demeurerois encore dans la même disposition, si l’arrêt qu’il n’est jamais permis de prévenir, mais qu’il est toujours ordonné de suivre, ne m’ouvroit la bouche ; que cet arrêt avoit réglé, contre son sentiment, l’entrée de l’envoyé d’Espagne : aussi bien que le précédent, qui n’avoit pas été non plus selon son avis, avoit porté l’exclusion du héraut ; que je ne me pouvois imaginer qu’il voulût assujétir la compagnie à ne suivre jamais que ses sentimens ; que nul ne les honoroit plus que moi, mais que la liberté ne laissoit pas de se conserver dans l’estime même et dans le respect ; que je suppliois Messieurs de me permettre de lui donner une marque de celui que j’avois pour lui, en lui rendant un compte, qui peut-être le surprendroit, de mes pensées sur les deux arrêts du héraut et de l’envoyé, sur lesquels il m’avoit donné tant